L'inconnu de Tian 'Anmen

Colonisation du Mont des oliviers...

Poursuivant sa politique d'appropriation des terres palestiniennes, le gouvernement Netanyahou s'apprête à délivrer des permis de construire à une nouvelle colonie sur le Mont des oliviers.

Loin dira-t'on de ce qui agite les pensées ces jours-ci, les révolutions arabes. Et effectivement, le monde se réjouit de la chute des tyrans profiteurs, honore le courage des libérateurs à mains nues, et prie pour que la Place Tahir ne soit pas la Place Tian'anmen. Quoi, une plaisanterie? Alors, souvenons nous que quelques jours avant le massacre des 3-4 Juin 1989, l'armée populaire chinoise fraternisait avec les insurgés sur la place "de la Paix céleste". Qu'Allah épargne aux courageux émeutiers cairotes un destin semblable sur la place "de la Liberté". Mais le régime a plus d'un tour dans son sac, et il ne serait pas à un reniement près en pactisant avec les Frères musulmans, quitte à laisser instituer un régime de quasi charia. Lequel ne serait pas si impopulaire que ça, puisque 8 égyptiens musulmans sur 10 sont d'accord avec la lapidation des femmes adultères, la main coupée des voleurs, et la peine de mort pour ceux qui changeraient de religion.

Alors là, oui, Israël pourrait être pris par la parano! Il y a d'ailleurs longtemps que l'opinion égyptienne reproche à ses dirigeants l'alliance objective avec son voisin. Il faut dire que les accords de camp David en 1978 ont été signés sur le dos des palestiniens, Israël restant libre de les accomoder à sa sauce. Israël sait maintenant que le monde extérieur sera de plus en plus hostile. Aussi serait-il sage d'arrêter d'humilier et de dépouiller les cisjordaniens (ce sera plus dur pour les gazaouis du Hamas), et d'en faire des amis, associés à la prospérité, assurés de vivre libres dans une société laïque. Des amis, et non des ennemis de l'intérieur.

Pour commencer, liberté pour le Mont des oliviers!

Tunisie, le secret des révolutions

On ne sait ce qu'il adviendra de cette révolution tunisienne, confisquée par l'armée, récupérée par les islamistes, ou dévoreuse de ses enfants? Ou peut être assez sage, selon la culture de cette aimable civilisation, pour une première humaniste dans l'Histoire du monde?

Son destin est entre les mains du principal acteur des évènements, son peuple: Pas de  leaders, pas de tribuns populistes, juste la nouvelle démocratie internet. Saura-t'elle créer des institutions fortes et sages?

Rien de nouveau, par contre, quant à la recette du déclenchement. Certes, il y eut le sacrifice fondateur de Mohamed Bouazizi, ce jeune vendeur de fruits à la sauvette que l'humiliation à conduit à s'immoler par le feu. Acte de désespoir et d'offrande qui servit d'étendard, à une cause plus profonde, le profond sentiment d'injustice. La crise économique frappe durement, ici et partout. Mais on ne se révolte pas contre la pauvreté. C'est l'arrogance d'un pouvoir corrompu qui lance les corps contre les fusils. c'est l'étalage de la richesse de la famille régnante des Trabelsi et de leurs affidés. Même l'absence des libertés démocratiques ne suffit pas d'aliment à la révolution, du moins pour un peuple qui n'est pas occupé par l'étranger. Sinon, le pouvoir chinois ne ferait pas long feu devant ses masses en colère. Il durera ce que durera la croissance, mais malheur à lui si celle-ci s'essoufle, tandis que la prévarication des notables d'un parti unique continuerait de s'exhiber. C'est ainsi que s'est déclenchée la révolte de Tian'anmen en 1989, moins pour l'exigence de la liberté qu'à la suite d'une grave crise d'inflation et de chômage pendant laquelle les oligarques se gavaient. Il en fut de même, deux cents auparavant, à Paris, quand l'affaire du collier de la reine et autres insolences tombaient mal dans un temps de mauvaises récoltes et de disette.

L'injustice, voilà ce qui déchaîne les peuples. Mais les chefs d'état sont aveugles. Ben Ali aprés Ceaucescu, aprés Reza Pahlavi, Marcos et Battista. D'autres devraient vite apprendre la leçon, du côté de l'Egypte ou de l'Algérie. Mais nous-mêmes, occidentaux, n'est-il pas urgent de surveiller ce foutu coefficient de Gini, qui mesure l'écart croissant des revenus? La misère est certes relative chez nous, quand on considère le dénuement des trois-quarts de la planète, où l'on peine à gagner un dollar par jour. Il reste que le revenu annuel moyen d'un bon trader, au dessus d'un milliard de dollars (à peu près le montant de l'emprunt du Portugal pour se sauver de la banqueroute), ne laissera pas longtemps insensible. Alors, Messieurs du G.8, si vous ne voyez pas la fumée, chaussez vos lunettes, écarquillez vos narines, le feu couve.

Wikileaks, faux résistants

Amalgame, quand tu nous tiens...Savoureuse, la première page de Libé du 13 Décembre! Sous la une illustrée consacrée à " l'Occupation " de Marine Le Pen, l'édito de Laurent Joffrin explique que " s'en prendre illégalement à Wikileaks, c'est, toutes proportions gardées, mettre en place une sorte de Guantanamo virtuel " ...Ca me rappelle le slogan de Mai 68, " CRS, SS ".

Je ne ferai pas moi, l'affront à Laurent Joffrin de le comparer à Marine Le Pen. Malgré cette dérive, je le trouve plus civilisé. C'est odieux de comparer les musulmans français aux occupants nazis. Ceux-là procédaient à d'autres prières! Nos arabes et kabyles de l'hexagone nous ont rendu la dignité quand tout était perdu même l'honneur, quand l'armée, la police, et le peuple français s'étaient donnés à l'occupant. Ils constituaient l'essentiel des Forces Françaises Libres. Nous les avons encore dévoyés à notre profit, parcequ'ils étaient fidèles à la France, pendant la guerre d'Algérie. La famille Le Pen, farouchement Algérie française, joint l'ingratitude à l'ignominie.

Quant à Wikileaks, il faut oublier d'en faire une victime. Qu'ils informent sur des choses tues, pourquoi pas. Effectivement, la presse n'est pas au service des états. L'éthique définit ses limites, ne pas inciter à la haine et au meurtre, ne pas détruire individus ni sociétés. Mais il n'est pas dans les codes de la démocratie et des libertés de se livrer à des actes de piraterie. Le vol ne mérite pas l'indulgence lorsque le voleur ne meurt pas de faim. Ce qui, à mon avis, n'est pas le cas de Monsieur Assange.

N'en faisons surtout pas un résistant, pas plus que de Monsieur Cantona. Parlons plutôt de Liu Xiaobo!

Cantona, résistant de pacotille

Authentique champion, mais authentiquement irresponsable, Monsieur Cantona incite les français à retirer leur argent des banques. Sans doute imagine-t'il ainsi punir les responsables de la crise, et surfer sur le buzz obtenu par son aura de footeux mythique pour porter un message révolutionnaire. Il endosse avec quelque délectation la posture de l'Inconnu de Tian'Anmen. Sauf qu'il n'est pas un inconnu, et que la France n'est pas une dictature , ni politique, ni financière. Ce qui lui permet de parler à tort et à travers.

Parceque Monsieur Cantona ne sait sans doute pas que c'est, en 1929, le retrait de l'argent des clients en panique qui a fait dégénérer la crise financière en crise économique et sociale, qui a plongé le monde dans la misére, et ne s'est résolue que par la course aux armements, et la guerre.

De même aujourd'hui, la solution Cantona provoquerait la faillite des banques, la disparition des crédits aux particuliers et aux entreprises, et la banqueroute des uns et des autres. Hélas, des esprits peu familiers avec les réalités de l'économie peuvent être sensibles à cette démagogie dans un moment d'inquiétude forte. Les médias ne se sont-ils pas, ici et là, faits l'écho de l'indignation de politiques en recherche d'audience à propos de l'aide publique aux banques?

Comme l'audience de Monsieur Cantona se limite à l'hexagone, et éventuellement au Royaume Uni (mais là bas, on sait faire la différence entre le talent des pieds et la justesse de la tête), en cas de succés, c'est juste la France qui perdrait quelques places de plus dans l'échelle du bien-être mondial.

Classes sauvages, et sauvages en classe

Le Mammouth barrit toujours.

On l' a entendu en Lozère, dans la petite bourgade de Saint Etienne-Vallée française, où la pratique citoyenne avait eu l'audace de réouvrir une classe fermée, grâce au bénévolat d'un instit retraité. Satisfaction des parents, des enfants, et de l'école. Mais pas de l'inspecteur d'académie, qui veut porter l'affaire au Tribunal administratif de Nîmes, et menace même de poursuites pénales. Une telle année scolaire serait réputée nulle, et le redoublement obligatoire, puisque l'enseignant retraité n'est pas censé se tenir à jour des programmes. Ben voyons, il s'agit d'une classe de maternelle 3ème cycle!

Voilà qui nous rappelle l'aveuglement, voire l'isolence de l'administration à La Faute-sur mer (la bien nommée), sortant une impérieuse liste d'expulsions de son chapeau aprés la tempête Xynthia. 

Pourtant, dans la confusion qui suit l'affaire des "classes sauvages", autrement dit des établissements de réinsertion scolaire, l'une des pistes de l'Education Nationale pour assouplir les jeunes déracinés du 9-3, consiste à faire appel à des retraités de la police, de la gendarmeris, de l'entrainement sportif pour encadrer des activités de service civique.

Pourquoi pas en effet. Mais on aurait peut être pu penser avant à mobiliser les enseignants (et même les retraités) pour préparer l'accueil des nouveaux, fussent-ils sauvages, par des élèves locaux trop heureux de mettre la pression sur les parigots-têtes de veau.

 Outre l'Education Nationale, ces anecdotes sont une piqûre de rappel pour les employeurs, comme pour les syndicats. Les retraités ne sont peut être pas bons pour la retraite.

Le premier des Justes

  Janusz Korczak, mèdecin, artiste, éducateur polonais (image wikipedia commons)

Le Docteur Korczak est le père du Droit des Enfants, dont la Convention, établie par l'ONU et l'UNICEF le 20 Novembre 1989 est le traité le plus ratifié de l'Histoire: 193 pays l'ont signé et ratifié, appliqué avec plus ou moins de bonheur...

Janusz Korczak avait écrit sur le droit au respect et à l'expression des enfants. Il avait appliqué ses idées en fondant en 1911 un orphelinat qui fonctionnait comme une république, où les enfants s'initiaient à la démocratie. En 1942, La Gestapo emmena les enfants du ghetto de Varsovie à Treblinka. Il exigea de les accompagner, et fut gazé avec eux. L'ONU reprit son projet aprés la seconde guerre mondiale. En 1959 fut proclamée la Déclaration dues Droits des Enfants.

Les enfants ont droit à être nourris, soignés, éduqués. Ils ont droit au respect, à l'expression, à une justice adaptée à leur âge. Tous ces droits sont encore trop bafoués: On compte 250 000 enfants soldats dans le monde. I5O millions de moins de quatorze ans sont obligés de travailler durement. 90 millions d'enfants en âge d'aller à l'école ne sont pas scolarisés. 143 millions de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Et 40 millions ne sont même pas déclarés à leur naissance.

Samedi 20 Novembre marquera le 21 ème anniversaire de la Convention des Droits de l'Enfant. En parlera-t'on dans les média autant que des invités de Michel Drucker, ou des vitupérations de Monsieur de Villepin?

Comment peut-on imaginer que ceux qui n'ont pas de droits puissent avoir des devoirs? Janusz Korczak, le premier des Justes, est-il enore audible depuis sa chambre à gaz?

 

Le Gaullisme, résistance aux forces de l'entropie (suite)

J'ai aussi évoqué les bloqueurs de ces dernières semaines, quui ont réussi à mettre des entreprises à plat, des chômeurs sur le carreau, à réduire notre potentiel de croissance, donc d'emplois.

Les forces de l'entropie, ce sont aussi ces nantis excessifs, managers, traders ou footballeurs, qui pour toujours plus avoir au soleil, comme des dictateurs africains, truquent la fiscalité, les finances et l'économie. C'est Domenech et les nuls de la Coupe du Monde, qui réclament le salaire de leur paresse.

Les partis écologistes se font discrets avec la crise, mais ne sont-il pas aussi fervents de la décroissance?

Tout le monde se dit gaulliste. Il doit y avoir usurpation d'identité. Le gaullisme suppose, pour une vraie résistance, tout ensemble une vision intelligente, et le sens de la collectivité.

Le général Salan n'avait pas une vision intelligente. François Bayrou a usé son venin pour une ambition personnelle. Villepin n'a ni vision intelligente (on le sait depuis quinze ans) ni sens collectif. L'Opposition? qu'elle passe au constructif, critiquer n'est pas résister.

Quant à la presse, qu'on disait à la botte du pouvoir, elle n'a cessé, unanimement, de mettre du bois au feu.

Qu'il me soit permis de saluer du beau nom de gaullistes nos voisins espagnols, allemands, anglais, qui digèrent des purges plus amères que la nôtre. Chez les anglo-saxons, rien de nouveau: "England expects every man to do his duty" assénait Churchille en 1940. Et "Ne vous demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour l'Amérique", lançait J.F.Kennedy en 1961.

Charles de Gaulle est mort aujourd'hui à 19h30. Je suis sûr qu'il existe encore dans la volonté de quelques uns d'entre nous, même de ses fils indignes. 

Le Gaullisme, c'est la résistance aux forces de l'entropie

Voici quarante ans, à 19h30, Charles de Gaulle s'éteint.

Depuis Mai 2009 et le 20° anniversaire des évènements de Tian'Anmen, mon blog est consacré à la Résistance. Je l'ai rencontrée sur les visages de Mandela, Aug San Suu Kyi, Guy Môquet, Gorbatchev, Jean Ferrat, l'Abbé Pierre, et bien d'autres, résistants de Berlin, Téhéran, Kaboul, Urumqi...

Winston Churchill et Charles de Gaulle étaient les grandes figures de "Résistance", mon billet du 17 Juin dernier. En français, résister se dit "De Gaulle".

La question est largement agitée aujourd'hui: qu'est-ce que le gaullisme, qu'en reste-t'il, qui est gaulliste aujourd'hui? 

Je ne suis pas forcément le mieux placé pour répondre, vu que ma fidélité a été hésitante. Jusqu'en 1964, De  Gaulle, c'était mon père. J'ai mis six ans à le tuer. Et sans doute, les forces de l'entropie étaient-elles à l'oeuvre dans ma cervelle de linotte. Pour un jeune intellectuel, elles avaient nom Sartre, Le Monde ("L'Immonde" disait-il), le Nouvel observateur, le Canard enchaîné. Elles en sont venues à s'appeler Paris-Match et Europe N°1 en Mai 68.  Au feu l'autorité, les vieilles chimères comme la Nation, la grandeur, l'honneur, toutes les défenses d'afficher.

Avec l'âge, j'ai retrouvé le fil de l'épée. Et je refuse l'entropie, comme le Malraux des "Voix du silence" plantait l'art comme un défi pour l'homme qui se sait mortel.

Qu'est-ce que l'entropie? Un principe de la thermodynamique qui prédit la mort à tout système, tout organisme. Le gaullisme, c'est ça et rien d'autre, le courage et l'honnêteté de résister à ce qui parait inéluctable.

Connaissons nous encore des formes actives de l'entropie, maintenant que De Gaulle fait l'unanimité? Hélas. Aujourd'hui 9 Novembre, pour commémorer la mort du héros, le personnel du Pôle Emploi est une fois de plus en grève. Alors que ces gens devraient travailler soixante-dix heures par semaine, comme des mèdecins de l'Emploi, des soldats de l'Emploi. Où est passé l'honneur, le sens du service public?

(à suivre)

Sakineh, victime du V.I.H.?

Ali Khamenei, toi qui est le maître de l'Iran, tu le sais, bientôt tu vas mourir. Quel souvenir veux-tu laisser aux générations futures du monde entier? Celui d'un Savonarole? D'un fanatique adversaire de l'homme, je veux dire ici de la femme?

Au fond de toi, tu sais que l'accusation de Sakineh se réduit à la faute d'adultère. Ce comportement n'est recommandé nulle part. Mais il y a des couples qui ne méritent pas d'être des couples, parceque l'amour est absent, et parfois pire. Es tu incapable d'accepter la vérité? Veux-tu rester le symbôle du "tue l'amour"?

Je crois que tu es assez habile, et soucieux de l'image de ton peuple, pour manier quand il le faut la grâce.

C'est le moment. Sois le Guide, et non le bourreau, non le virus assassin. Comment le monde pourrait-il accepter qu'une nation aussi aveugle accède à l'arme de destruction totale?

Dictature de la démocratie?

On peut penser ce que l'on veut de la réforme des retraites, que le projet du P.S est meilleur, ou qu'il ne faut rien faire...si du moins le citoyen moyen est capable de faire un vrai diagnostic. N'est-ce pas pour cela que le peuple élit des représentants? Des ministres, des députés, des sénateurs qui peuvent faire travailler l'administration, faire tourner des modèles mathématiques, analyser les conséquences des décisions sur l'avenir de la nation? Remettre en cause la démocratie par le pouvoir de la rue, c'est recommencer la prise de pouvoir des soviets en Europe de l'Est aprés la deuxième guerre mondiale, c'est relancer la révolution culturelle chinoise.

Manifester, faire grève, c'est dans l'ordre des choses pour marquer sa désapprobation. Bloquer, c'est différent. C'est un acte insurrectionnel. Pour qui se prennent ils, les bloqueurs? Pour les manifestants de Tian'Anmen? Luttent-ils pour les libertés démocratiques, droit de se regrouper, liberté syndicale, liberté d'expression, liberté de vote? Non, pour travailler moins, quitte à ce que les générations futures payent les pots cassés. Un peu de décence! 

Plus qu'à l'Inconnu de Tian'Anmen, les bloqueurs me font penser aux footeux français de la dernière coupe du monde. Solidaires contre l'effort. "Tous ensemble, tous ensemble!".

Et tant pis si au delà d'empêcher de vivre le véritable peuple, ils mettent l'économie du pays à plat, si le chômage va s'accroitre. Notre héros national, Gribouille, se jette à l'eau parcequ'il pleut. Aprés tout, si on rejoint le niveau d'abaissement de la Grèce, qui a du vendre le port du Pirée aux Chinois (pauvres enfants du Pirée), on pourra toujours vendre le port de Marseille.